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La route du paradis


Daroul

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Le dromadaire de Farid renâclait de plus en plus à s’approcher de l’Oasis. Le soldat l’obligea à avancer malgré tout en lui agaçant le flanc de sa cravache. Derrière lui, le reste de la troupe avançait tout aussi péniblement sous le soleil de plomb, chaque visage affichant une mine anxieuse. En temps normal, la vision de l’Oasis aurait déclenché sourires et chants joyeux. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, apercevoir la cime des palmiers faisait courir des frissons le long des échines des animaux comme des hommes. Mais les soldats de l’émir, en plus de l’appréhension, ressentaient de l’espoir.

A force de coups de cravaches et de menaces, la petite caravane pénétra l’ombre des palmiers. Encore quelques mètres, et Farid sentait son cœur battre jusque dans ses tempes à l’idée de ce qu’il découvrirait.

Enfin, ils arrivèrent au bord du bassin naturel qui apportait la vie aux bêtes de la région et aux voyageurs de passage. De l’autre côté, quelques demeures modestes. Les habitants firent un signe de la main aux soldats, qui ne répondirent pas, leur attention fixée sur le bassin, là où aurait dû se trouver l’eau. Sauf que d’eau, il n’y avait plus nulle trace.

Farid poussa un cri de joie et entonna une prière à la gloire de Dieu, imité par ses hommes.

 

*

 

Deux jours plus tard, l’émir et sa suite arrivaient, foule bigarrée de courtisans et de serviteurs. Un palace de toile poussa si vite qu’on aurait pu croire qu’il n’était qu’un mirage. L’émir convoqua Farid au bord du bassin. Ou plutôt, au bord du cratère.

-          Salam Aleikoum, Émir. La lumière d’Allah veille sur toi.

-          Aleikoum Salam, mon fidèle Farid. Je crois que c’est bien sur toi qu’Allah a posé son regard. Dis-moi ce que tu sais.

-          Bien sûr, Émir. Il y a une semaine, les gens de ce village ont vu le niveau de l’eau de l’oasis baisser soudainement, comme si un djinn l’aspirait de toutes ses forces par dessous. Et quand tout le liquide est parti, voici ce qu’ils ont vu.

Farid montra le cratère d’un geste ample, contenant mal son excitation. Au fond de ce qui avait été jusque là une fontaine de vie, une balafre noire, inquiétante.

-          J’y ai envoyé un homme, Emir, et il est revenu ce matin. Dans son dernier souffle, il m’a confirmé que l’espoir est permis. C’est un portail, maître. Un passage.

L’émir hocha la tête, autorisant un sourire à altérer sa posture d’autorité.

-          Allah Akbar, mon bon Farid. Prépare tes troupes. Tu pars demain.

 

*

 

A l’aube, dix soldats habillés d’armures brillantes, un cimeterre ceint au côté, s’engagèrent au pas sur une esplanade improvisée, derrière un Farid rayonnant de fierté. La troupe parada devant l’émir, accompagnée du son des instruments à vent d’un orchestre chatoyant. Des danseuses au pas léger ondulaient pour le plaisir de l’émir autant que pour celui des guerriers.

La descente vers la balafre ne fut qu’une formalité pour ces soldats d’élite. Sans un mot, porté par les hourras de la foule et les prières, ils disparurent l’un après l’autre dans les ténèbres du portail, déterminés à ne revenir qu’avec la bonne nouvelle :

La route vers le paradis avait été découverte.

 

 

Modifié par Daroul
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Merci pour vos réactions, c'est cool.

Alors, en fait, il n'y a pas de suite prévue à proprement parler. C'était juste une petite histoire qui m'était venue à l'esprit pendant les OLDays, où j'ai entendu que les sarrasins croyaient que les enfers cachaient la route vers le paradis.

Par contre, ce qui est prévu, c'est deux autres textes qui viendraient contraster celui-là: le recrutement d'une troupe du côté des croisés, et un texte avec les asiatiques (j'ai oublié le nom de la faction). Et peut-être un truc sur les égarés, mais pas sûr.

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